DRA DE BABI

Un père de famille franco-suisse comparaît depuis hier devant les juges du Tribunal correctionnel. L’homme est accusé d’avoir abusé de ses deux enfants entre 1995 et 2007. Contrainte sexuelle, actes sexuels sur mineurs, violation du devoir d’éducation et lésions corporelles graves: quatre chefs d’accusation ont été retenus par le Ministère public. L’homme conteste l’ensemble des faits qui lui sont reprochés.Cette procédure pénale s’est ouverte en 2007. C’est cette année-là que la fille du prévenu, née en 1989 et défendue par Me Françoise Arbex, révèle ce qu’elle vit depuis l’âge de 6 ans. L’acte d’accusation, qui révèle des faits particulièrement insoutenables, fait mention d’attouchements, de contraintes, d’insultes, de pressions. Les faits surviennent en l’absence de l’épouse du prévenu jusque dans le courant 2002, année où la jeune fille «ne se laisse plus approcher par son père», relate le Parquet. Les actes présumés ont lieu soit au domicile familial, à Genève, soit dans le canton de Vaud suivant les dates, mais aussi durant un voyage à Paris.
«Climat de crainte»
Le Ministère public fait également état d’actes sexuels de la part du prévenu à l’encontre de son plus jeune fils entre 2004 et 2007, année durant laquelle sa fille décide de livrer ses révélations. Le cadet, défendu par son curateur Me Vincent Spira, a alors entre 5 et 8 ans. En plus de «menaces», de «cris», d’un «climat de craintes continuel», le Parquet relate également des violences faites sur les deux enfants, en particulier sur le plus jeune, à savoir des «coups de pied et de poing sur tout le corps», d’où le chef d’accusation de lésions corporelles graves.
Le père de famille, au bénéfice d’une formation dans le domaine de la comptabilité, a été auditionné hier par le Tribunal correctionnel. Défendu par Me Alain Berger, il nie tout en bloc. Le président lui demande alors: «Mais pourquoi pensez-vous que votre fille, à trois mois de sa majorité, a décidé de se lancer dans une procédure pénale pénible?» Pour le prévenu, son aînée, qu’il décrit comme «indépendante» et «intelligente», a fait de fausses révélations pour «gagner son indépendance, sa liberté et l’argent de son héritage. Elle voulait m’éjecter de la maison. Elle était révoltée.»
L’homme assure que sa fille était sous l’influence d’un oncle «malsain» vivant en France, chez qui elle était allée faire un séjour en 2006. Des déclarations qui amènent la jeune femme, présente à l’audience, à sortir de la salle en pleurs.
«Manipulations»
Comment l’accusé explique-t-il alors les déclarations de son fils? «On lui a mis tout cela en tête, on l’a conditionné, assure le prévenu devant ses juges. Il a été manipulé par la famille, la police, les psychiatres.» Oui, l’homme reconnaît avoir donné quelques gifles ou fessées à ses enfants. «Très peu» à sa fille, «qui était très calme», un peu plus à son fils, «plus turbulent». «Je leur ai donné une éducation stricte, comme celle que j’ai reçue de ma mère. Ils devaient obéir. Mais je n’ai jamais donné d’autres châtiments physiques. Je n’ai jamais tiré les cheveux, donné de coups de poing ou abusé d’un de mes enfants», affirme-t-il.
L’audience d’hier a également permis d’entendre une experte pédopsychiatre, qui s’est notamment exprimée sur l’état actuel du fils du prévenu, souffrant de difficultés de langage et de comportement, devant par conséquent être scolarisé dans un établissement spécialisé. «Depuis 2007, son évolution a été favorable, ce qui démontre que l’environnement dans lequel il se trouvait préalablement ne l’était pas, a expliqué la spécialiste aux juges. Cet enfant a été atteint sur plusieurs niveaux de développement.» L’acte d’accusation fait également état de troubles psychologiques chez l’aînée du prévenu.
Le procès reprend aujourd’hui avec l’audition de cette dernière et de sa mère.